Que gagne l'auteur ? Et qui gagne quoi dans la chaîne du livre ?
Lors de mes animations autour du livre auprès des enfants, et parfois en discutant avec des adultes, la question de ce que je gagne comme auteur m'est posée.
La dernière fois, c'était lors d'une séance de TAP (temps d'animation périscolaire) que sans aucune censure, les enfants m'ont demandé combien je gagnais par livre. Je leur présentais alors l'un de mes livres pour la jeunesse (voir page Mes publications) : Les Chevaliers de la Table Ronde, les copains d'abord !
Plutôt que de répondre directement, je leur ai demandé combien ils pensaient que je gagnais avec l'illustratrice. Des réponses équivalentes ont fusé : sur 7.50 € de prix de vente, on devait au moins se partager la moitié du livre "puisque c'est vous qui l'avez fait !", voilà tel quel, comme un cri du coeur, leur argument.
Bien sûr, je leur ai répondu que non, loin de là... "Mais pourquoi ! C'est votre histoire !" C'est tout juste s'ils n'étaient pas révoltés.
Alors, l'illustratrice à mes côtés, nous avons expliqué le rôle de chacun et pourquoi il y avait d'autres personnes à rémunérer, en apparence plus que nous. Parce qu'il y a la part brute, et tout ce qu'il faut faire et payer à côté.

1. Le binôme auteur-illustrateur touche 10 % du prix du livre HT. Le prix du livre est fixe, ce qui fait que dans ce livre, le créateur touche toujours la même somme pour chaque livre vendu, puisque le livre est toujours vendu au même prix depuis la loi du prix unique du livre. Il n'en est pas de même pour tous les secteurs de création. Dans le secteur du jeu, l'auteur touche un pourcentage correspondant au prix remisé par l'éditeur, car le marché n'est pas protégé par un prix unique.
2. L'imprimeur
Il fait payer sa prestation et c'est tout. Dans l'idéal, on dit que le prix d'impression doit être de 10%. Là-dessus, toutes les maisons d'édition ne sont pas égales. Le prix de revient d'un livre baisse en fonction du tirage, c'est-à-dire que cela revient à moins cher de faire 10000 livres que 1000. Cependant, une petite structure s'endettera avec 10000 livres et n'aura pas la force de vente pour les placer.
3. La maison d'édition
Il y a beaucoup de travail à effectuer au niveau éditorial. C'est là que la lecture et le choix des manuscrits s'effectuent. Quand un texte est validé, il est retravaillé avec l'auteur pour le rendre encore meilleur. Puis il est corrigé. On passe ensuite à la mise en page, pour une parfaite adéquation objet/contenu. C'est du temps à passer et un savoir-faire : maîtrise des règles en vigueur, des logiciels pour le texte et l'image, créativité, adaptation aux contraintes techniques... C'est aussi au niveau de la maison d'édition que se choisit l'imprimeur : il faut donc faire des devis et réfléchir avec lui au plus bel objet possible. La maison d'édition fait le lien avec l'imprimeur, gère avec lui les contraintes techniques. Une fois le livre imprimé, ce sont ses services qui travaillent la communication, les relations presse, organisent les dédicaces, les déplacements dans les salons, la promotion dans les librairies, sur les réseaux sociaux, le Web...
4. La diffusion et la distribution

Souvent, la maison d'édition ne diffuse ni ne distribue seule. Elle confie donc la tournée des librairies et points de vente, ainsi que leur livraison, à une entreprise externe. Celle-ci prend 55 % du prix du livre, et dans ce pourcentage, en reverse une partie au point de vente (30 % au minimum). Avec le reste, elle doit payer ses commerciaux, une partie du transport (une part est payée par le libraire) et la partie comptable.
Quant au libraire, si sa part semble la plus confortable, ce n'est que d'apparence. En effet, dans ces 30 %, il paie ses charges (loyer, salaires...), une partie du transport et la promotion qu'il fait.