Utiliser du papier, est-ce polluer ?

Vendredi 3 avril dernier, j'ai participé à deux ateliers proposés par Cloitre Imprimeur. L'un portait sur "la place du print dans les stratégies de communication" et l'autre sur "le papier de création comme élément de valorisation du document imprimé".
Si je ne vais pas revenir sur l'intégralité de l'atelier, il y a tout de même quelques éléments que je souhaite partager et proposer à la réflexion.
-> 1. Utiliser du papier, est-ce polluer ?
2. Utiliser du papier, est-ce dépassé ?
3. Utiliser du papier, une valeur ajoutée ?
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"N'imprimer ce document que si nécessaire", puis-je lire en bas d'un mail. "Stop pub" ai-je accolé sur ma boite aux lettres. "Soyez écolo, passez à la facture électronique" proposent les divers opérateurs. Les livres devront bientôt porter le logo Triman, indiquant qu'ils sont recyclables. Le papier est-il si pollueur qu'il faille lui livrer une guerre si féroce ?

Idée reçue n° 1 : Les documents papier tuent la forêt.
En France et en Europe, on ne coupe pas les arbres pour faire du papier : ce sont les déchets des scieries ou le "nettoyage" de la forêt (pour que de grands et beaux arbres puissent pousser, on éclaircit les bois, on ramasse les branches mortes, etc.) qui apportent la matière première au papier. C'est vrai que si l'on y réfléchit, on convient qu'il serait idiot et démesuré d'abattre des chênes centenaires pour des ramettes de papier.
Le papier serait donc déjà, en quelque sorte, un recyclage.
De plus, quand un papier est certifié PEFC, cela signifie qu'il est issu de forêts gérées durablement où des arbres sont replantés dès que d'autres sont abattus. D'ailleurs, en France, la forêt augmente de 50 000 Ha chaque année.
Et au niveau mondial ? Certes, dans certaines régions du monde, on détruit la forêt pour fabriquer du papier. Toutefois, la part "papier" ne représente que 4 % des destructions. 4 % de trop, mais 4 % qui signifient aussi que l'impression de livres et de documents n'est pas la principale cause de la déforestation.
Alors quelles sont-elles, les causes de déforestation ? Eh bien il y a les forêts que l'on massacre pour les minerais qui serviront aux voitures électriques (écologiques) ou à nos téléphones portables et ordinateurs (pour envoyer des mails au lieu de documents papier). Il y a aussi l'utilisation de bois précieux comme le teck pour nos meubles de jardin. Enfin, il y a tous ces produits à base de cellulose : papier toilette, couches, protections hygiéniques, essuie-tout, lingettes... Ces produits que les décroissants, et d'autres, nous invitent à limiter.

Idée reçue n°2 : Le papier recyclé, c'est mieux.
Pas toujours ! Et il est plus cher. Pourquoi ? Parce que les entreprises manquent de papier à recycler, le réflexe recyclage n'étant pas encore bien inscrit dans nos habitudes.
De plus, pour recycler un papier, on le plonge dans des bains successifs de matières chimiques pour en enlever l'encre. Ces produits dissolvants sont polluants pour la nature.
Enfin, le papier obtenu est blanc, tellement blanc qu'il n'a pas l'air recyclé... alors on le teinte à nouveau pour qu'il corresponde au standing qu'on attend d'un papier de ce type.
Le papier recyclé, c'est bien, mais ça n'est pas forcément mieux !
Si utiliser du papier n'est pas polluer, la gaspiller, comme toute ressource, reste regrettable. Alors plutôt qu'une chasse aveugle à l'utilisation du papier, préférons un usage raisonné et conscient.
Aller plus loin :
- Le guide PEFC de la chaîne graphique responsable.